Voici les annonces importantes qu’Emmanuel Macron a faites lors de la conférence de presse sur la stratégie spatiale européenne.
Lors d’une conférence de presse le 16 février 2022, le Président de la République française Emmanuel Macron a dévoilé la stratégie spatiale européenne.
Ce discours a été prononcé dans le cadre de la Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne (PFUE). Entre le 1ᵉʳ janvier et le 30 juin 2022, la France assure la présidence du Conseil de l’Union européenne.
Emmanuel Macron a donc énuméré les futurs axes de développements que va prendre l’Union européenne pour garder sa place dans le domaine du spatial. Mais aussi pour rattraper son retard sur certains sujets.
Voici les points abordés :
- Développer la gamme de lanceurs et création d’une constellation de satellites ;
- L’espace, une zone militaire ;
- La régulation de l’espace ;
- La recherche plutôt que l’exploitation.
Le président a rappelé que notre souveraineté dépend aussi de l’espace. En effet, c’est dans l’espace que se situe la souveraineté technologique, une partie de l’accès à internet, les connaissances scientifiques comme la climatologie et bien sûr l’aspect militaire.
De plus, le président a rappelé quelques succès européens :
- Copernicus, programme de satellites d’observations ;
- Galileo, satellites pour la navigation par satellite ;
- Ariane, programme de fusée de l’ESA.
Notons une petite approximation du président, on cite : “Ariane reste le lanceur le plus fiable du monde.” Ceci est faux ! En effet, c’est le lanceur russe Soyouz qui est le plus sûr au monde.
Il a aussi parlé des missions d’explorations telles que :
- Philae vers la comète Tchouri ;
- ExoMars : une sonde spatiale, un atterrisseur et rover sur Mars ;
- Persévérance sur Mars.
Le constat
Le président a fait un constat honnête et réel, sur le retard que l’Union européenne a accumulé sur plusieurs points et tournants stratégiques :
- En effet, l’Union européenne est à la traîne sur les lanceurs en ayant sous-estimé l’émergence des concurrents. On pense forcément, entre autres, à SpaceX [US] ou à Rocket Lab [US / Nouvelle Zélande].
Emmanuel Macron voudrait d’ailleurs s’inspirer de leur modèle, en combinant les pouvoirs publics avec la vélocité des entreprises du secteur privé. - Le retard est aussi du côté de l’armement spatial.
- L’Europe n’a pas eu de vision commune au sujet du spatial. Pour le président, la raison est : “que nous n’avons pas suffisamment cru en nous”.
Il rappelle que tout ceci n’est pas une fatalité, et qu’en travaillant ensemble, le retard peut être rattrapé.
Les projets
Ainsi, le président a développé quatre grands axes : les lanceurs et les satellites, le militaire, la régulation et la recherche.
Les lanceurs et les satellites
Les lanceurs
L’Europe doit continuer à bâtir de grands projets de lanceurs. D’ailleurs, Ariane 6 a été confirmée et va prolonger l’expérience européenne sur ce domaine.
Le président préconise d’instituer une préférence européenne pour assurer le lancement de satellites nationaux. Sachant que les autres pays appliquent ce principe, il serait ridicule de ne pas le faire aussi.
Il n’y a pas de politique industrielle et de recherche ; si l’Europe est la seule puissance naïve.
Emmanuel Macron
Grâce à ces lancements institutionnels, le plan de charge va pouvoir rentabiliser le modèle, donner de la visibilité et permettre ainsi d’innover.
Le président veut aussi développer l’offre des mini et microlanceurs réutilisables.
L’Europe doit prendre pleinement le virage des mini et microlanceurs réutilisables.
Emmanuel Macron
Il note que la France a commencé à le faire, via France 2030, en citant notamment les entreprises basées à Vernon (Ariane Group) et Reims (Venture Orbital Systems).
Cela pourra se faire, en faisant coopérer les entreprises avec ce que l’Europe appelle “l’Alliance européenne des lanceurs”.
Une Constellation de satellites
Le président reconnaît que les constellations sont peu connues du grand public.
Une constellation de satellites est un groupe de satellites artificiels identiques qui travaillent de concert pour fournir une prestation en assurant généralement une couverture quasi complète de la planète.
De plus, il affirme que ces constellations seront au cœur de nos vies de demain.
Les constellations seront au cœur de nos existences, de nos vies de demain.
Emmanuel Macron
En effet, il fait la liste des services qui dépendent de ces technologies :
- Réseaux militaires connectés ;
- Services de secours ;
- Véhicules autonomes ;
- Transports maritimes ;
- Téléconsultation ;
- Téléchirurgie ;
- Lutte contre la fracture numérique.
C’est pourquoi l’Europe doit prendre sa part dans un projet de constellation de satellites dans un but de souveraineté et d’efficacité.
Il a noté aussi que moins d’une dizaine de constellations peuvent être déployées dans l’espace. C’est pourquoi l’Europe doit s’unir en vue de développer sa propre constellation de satellites.
Pour aider l’Europe, Emmanuel Macron va mettre la France à contribution :
- La France va mettre à disposition de l’Union européenne, l’assignation prioritaire de fréquence dont elle dispose ;
- Ensuite, elle va lancer des investissements, via France 2030, avec deux appels à projets : un sur les services en orbites ; l’autre sur un projet de constellation de rupture.
Emmanuel Macron y voit aussi un côté géopolitique. Il veut donc que cette constellation permette de créer une alliance avec l’Afrique en termes de connectivité.
Le militaire
L’espace est aussi une zone à dominante militaire !
L’espace est aussi l’expression de la stratégie des puissances.
Emmanuel Macron
Le président rappelle que la France a largement investi dans ce domaine avec l’armée de l’air et de l’espace.
L’installation, à Toulouse, du centre d’excellence de l’OTAN pour le spatial va permettre à l’Europe de se coordonner.
Emmanuel Macron veut définir une doctrine européenne pour réagir aux situations les plus urgentes.
La régulation
Pour ce troisième point, le président veut que l’espace soit un lieu de protection d’un bien commun, grâce à des outils de régulation. Ainsi, la gestion du trafic spatial est une priorité. Dans un premier temps, ce plan de régulation sera implémenté en Europe avant de pouvoir le proposer au niveau mondial.
Cela pourrait permettre d’éviter les attaques dissimulées, en prétextant des collisions et des dysfonctionnements, comme c’est le cas aujourd’hui.
L’espace ne peut pas être une zone de non-droit.
Emmanuel Macron
Ainsi, la France va dans un 1er temps, lancer un appel à projet pour soutenir les projets de surveillance de l’espace.
La recherche et l’exploration
Pour finir cette conférence, le président a détaillé son dernier point sur le fait que l’espace doit rester une zone de recherche et d’exploration.
En effet, l’espace est un lieu primordial pour la recherche. Notamment pour analyser notre planète et pour comprendre notre climat. D’ailleurs, c’est grâce à des satellites spécifiques que l’on a réussi à détecter des rejets massifs d’émissions de gaz à effets de serre que certains états ne voulaient pas dévoiler.
Mais au-delà du climat, le spatial charrie aussi une part de rêve.
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron veut que l’espace nous fasse rêver. Il ne considère pas viable l’idée d’une exploitation de l’espace, des vols touristiques tels que l’on voit se dessiner, et encore moins de l’exploitation minière de la Lune.
Il veut que les Européens voient l’espace comme un bien commun qui doit être utile à tous.
C’est dans cet esprit que le président décrit sa vision de l’espace, comme étant dirigée vers l’exploration, à la connaissance et à des vols habités de long terme. Et non à la marchandisation de l’espace.
Il pointe le fait que la coopération internationale sur l’ISS va prendre fin aux alentours de 2028, c’est pourquoi il est important de créer notre modèle propre. Et c’est le bon moment pour se poser cette question.
Emmanuel Macron veut que l’Europe accompagne l’ESA pour formuler, d’ici l’été 2022, des propositions sur des ambitions européennes en matière d’exploration et de vols habités.
Notre avis
Voici donc pour les propositions du Président de la République, Emmanuel Macron. On le voit, le Président a une analyse assez fine de la situation du spatial en Europe. L’Union européenne est à la traîne, mais a les forces pour remonter la pente.
La volonté de développer le modèle américain sur les lanceurs avec une collaboration forte entre le domaine privé et public est une bonne chose. Cela peut aider les petites sociétés à émerger.
La vraie annonce de cette conférence est le fait que l’Europe veut se doter de sa propre constellation de satellites. Ceci est une bonne nouvelle pour la souveraineté de l’Union européenne. En revanche, il va falloir aller vite, car de nombreux gros acteurs sont déjà sur le secteur. On peut nommer Kuiper d’Amazon, OneWeb et bien sûr Starlink de SpaceX.
L’objectif de régulation mondiale du spatial est louable. Surtout si l’on veut un accès à l’espace sûr, cette régulation devra avoir lieu. Mais c’est un peu un vœu pieux.
En effet, on voit mal la Chine accepter des contraintes sur son programme spatial. Le gouvernement chinois ne s’embarrasse déjà pas quand leurs lanceurs retombent sur terre et tuent des civils, alors l’Union européenne…
Malheureusement, avec une régulation contraignante appliquée à elle-même, l’Union européenne va une fois de plus se tirer une balle dans le pied.
Il est difficile de gagner la course avec un boulet au pied quand les autres concurrents sont dopés aux stéroïdes.
Le dernier point, détaillé par le président, nous a mis quelques étoiles dans les yeux. Oui, ce n’est pas anodin de déclarer que l’UE veut développer l’exploration avec des missions de longue durée. Tout de suite, on pense à une présence permanente sur la Lune ou à une mission vers Mars. Malheureusement, aucun détail n’a été donné sur des missions potentielles. Là encore, nous craignons que la bureaucratie européenne vienne alourdir les choses, et que l’Europe finisse encore comme la cinquième roue du carrosse.
Relu et corrigé par : Opti